jeudi 6 mars 2008

Le miroir

Un jour alors que je cheminais, discutant avec Dieu, lui racontant mes exploits, mes peines et mes joies, je lui posais une question :

à quoi est ce que je ressemble ? Les gens ont tous des qualités, réussissent ce qu'ils font et sont beaux...et moi à quoi je ressemble ?

Dieu me dit que j'étais belle, très belle et pleine de vie, que mes yeux étaient pleins d'amour, et que je resplendissais chaque jour.

Fière de moi je continuais mon chemin, mais une question me tracassais. Dieu avait peut être dit ça pour me faire plaisir. Et si je n'étais pas Si belle...?

Alors je demandais à Dieu un moyen pour me voir. Il n'est pas juste dis-je que je ne puisse juger de moi-même, et il n'est pas pratique de dépendre des autres pour ce genre de jugement personnel.

Son regard s'attrista. Il me regarda et me dis : mais tu ES belle. Tu ES heureuse. Pourquoi veux-tu douter de cela ? Cela ne te suffit pas de le SAVOIR ?

Mais cela ne me suffisait plus. J'estimais qu'il était temps que je m'émancipe et que je devienne autonome dans mon jugement.

Il me dit alors : C'est comme tu veux. Mais je veux te prévenir. Les choses ne seront plus jamais comme avant. Ton regard ne sera plus jamais le même. Même moi tu me verras différemment.

Un tantinet agaçée, je lui dit que j'étais sûre de moi et qu'il était tant que j'en ai conscience et que j'ai conscience de ce que je suis réellement.

Il m'offrit alors un miroir... Un tout petit miroir qui tient dans ma main. Il n'était ni travaillé, ni riche.

Je me dis qu'il s'était inquiété pour rien, et que si c'était la seule nouveauté, il n'y aurai pas beaucoup de changements !

Et puis, je vis un reflet de soleil dans le miroir. Je regardais ce reflet et vis alors quelque chose que je n'avais jamais vu ! Ou plutôt, quelqu'un que je n'avais jamais vu ! C'était moi. Je me voyais enfin ! Et Dieu avait raison. J'étais BELLE. HEUREUSE.

Sentant que j'entamais une nouvelle phase de vie, je me remis en route. Dieu a mon côté, comme d'habitude. Comme je ne parlais plus, Il me parla un peu.

Il voulu me montrer une fleur sur le bord du chemin. Très jolie. Mais je n'ai pas remarqué qu'Il s'était arrêté un instant.

Bien sûr je l'écoutais. Mais de temps en temps, je jetais un oeil au miroir. Juste pour voir. C'était tellement nouveau ! Et puis c'était agréable de me voir. Et puis j'étais jolie à voir...

Un peu plus tard, nous avons croisé une amie de longue date. Je l'ai toujours trouvée belle et épanouie. Et je me suis demandé si son reflet serai pareil.

Je lui ai alors tendu le miroir. Au passage j'ai revu mon reflet. Elle s'est vue et s'est exclamée de surprise. Elle ne se savait pas si belle ! Elle avait toujours cru que j'étais plus belle qu'elle !

Elle reparti bien heureuse de cette découverte. Pour ma part, je me taisais. Je ne m'étais pas attendue à cette réaction. De plus, il me semblait que j'étais plus jolie qu'elle...

Nous reprîment notre route. Voyant mon visage un peu renfermé, Dieu me parla. Il me demanda ce qui me faisait de la peine. Préoccupée par mes pensées, je Lui demandais de me laisser tranquille un instant. Je devais réfléchir.

Profondément attristé, il s'éloigna de quelques pas et resta en arrière. Juste de quoi se faire oublier, tout en restant là.

Rencontrant une nouvelle connaissance, je réfléchis. Peut être le reflet ne correspondait-il pas à la réalité ? Je décidais de faire une expérience. Puisque je connaissais le visage de celle-ci, je devrais reconnaître son reflet. Si c'était le même je le saurais.

Je lui fis part de mon miroir et lui proposais de se regarder dedans. Intriguée, elle accepta. Je me mis juste à côté d'elle pour voir aussi.

Alors je fus rassurée ! Non seulement son visage était le même, mais j'étais bien plus jolie ! Mais elle ne sembla pas le remarquer. Elle ne regardait que son visage. Cela m'attrista encore.

Pourquoi, comme j'étais si belle, ne me regardait-ton pas plus ?

Dieu me parla doucement. Il me demanda de lui rendre le miroir maintenant, je m'étais déjà bien assez vue. Mais je refusais. J'étais entrain de découvrir la vérité et Il voulait m'en empêcher !

Je lui demandais encore une fois de me laisser tranquille, j'avais des choses à régler. Des choses importantes qui allaient me prendre du temps. Il pouvait donc aller faire ce qu'Il voulait ailleurs.

Je repartis, plus sombre que jamais. Je me regardais à nouveau et j'eu l'impression qu'il manquait quelque chose... mon regard était moins brillant.

Il fallait arranger cela. J'entrepris divers stratagèmes, mais le plus efficace de tous était de me regarder avec quelqu'un d'autre. Si je choisissais la bonne personne, alors j'étais sûre de rayonner : j'étais LA plus belle !

Rassurée, je retrouvais ma grande amie. Mais alors que je lui contais mon expérience, elle me regarda de haut, puis me dit que je n'étais pas la plus belle et qu'il fallait bien que je le sache. Et elle tourna les talons.

Mon coeur se brisa. Pourquoi m'avait elle blessée ? Ne voyait-elle pas la vérité ? Et pourquoi ne pouvais-je pas rester son amie ? L'idée me vint qu'elle était jalouse.

Je décidais de ne pas m'en faire, ça la regardait. Les autres verraient bien qui était vraiment la plus belle ! Et elle comprendrait.

Je continuais à me regarder souvent dans mon petit miroir. Mais il devint trop petit. Il devait refléter toute ma personne. Là, je serai vraiment la plus belle.

Je changeais donc de miroir. Et je regardais les autres pour savoir si j'étais mieux qu'eux. Bien souvent c'était vrai. Si j'avais un doute, je me regardais et me rassurais.

Je remarquais que d'autres faisaient comme moi. Alors je surenchérissais. Dieu m'avait bien dit que j'étais la PLUS BELLE...

Le temps passa. Je ne parlais plus avec Dieu. Ma meilleure amie ne l'étais plus. Et les autres passaient plus de temps à se regarder et à se critiquer qu'à me regarder et me parler !

Je me regardais de plus en plus souvent pour être sûre que j'étais assez belle et assez bien pour qu'on s'occupe de moi. Mais j'étais de plus en plus seule. Les autres avaient des amis, eux.

Je remarquais aussi que j'étais de plus en plus triste. Et que les autres devenaient plus beaux que moi. Et ils se regardaient tout le temps dans leur miroir.

Alors je repensais à Dieu. Pourquoi m'avait -il mentit ?

Je l'appelais pour lui demander. Il vint à ma rencontre, mi-joyeux, mi-triste.

Il était heureux de mon appel, il était triste de mon malheur.

Je l'accusais. Pourquoi m'avait-Il menti ? Pourquoi m'avait-il rendue malheureuse ? Si j'avais su que je n'étais pas la plus belle, je n'en aurai pas souffert. Si je n'avais rien su, au moins... Et si les gens se regardaient un peu moins eux mêmes !

Dieu me dit alors qu'il ne m'avait pas menti, et que pour lui j'étais toujours aussi belle.

Voulant faire part de cette idée à mon amie, j'essayais de lui parler. Mais elle se regardait dans son miroir et ne voulu pas m'écouter. Je remarquais qu'elle n'était même plus jolie.

Je me souvins combien je me voyais belle dans son regard, auparavant, et combien je la trouvais si belle ! Si seulement elle le voyait...

Je dis alors à Dieu que le miroir ne devrait pas exister. Il n'aurai jamais dû exister. Brisant mon miroir et le lui rendant, j'ajoutais que le plus beau des reflets, c'est celui que l'on voit dans les yeux de l'autre et surtout, dans le regard de Dieu...

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